
Lundi 3 juin, une femme et ses deux petites filles attendent qu’une porte métallique s’ouvre. Elles attendent avec d’autres : mères, femmes, compagnes. Elles sont devant la porte du centre pénitentiaire de Vezin le coquet.
Plus tôt, alors qu’elle prenait le bus, son mari l’a appelée à 12h06 pour l’informer que son extradition aurait lieu cet après-midi à 14h45. Enfermé depuis le mois de décembre, elle attendait sa libération et chaque jour qui passait la désespérait toujours un peu plus. Mais elle faisait face, toujours avenante devant les autres, camouflant derrière son sourire son inquiétude sans cesse croissante.
C’est elle qui avait averti son mari quelques jours auparavant de la décision du rejet de la Cour de cassation. Lui, ce lundi matin n’avait toujours rien reçu comme information mais il avait déjà compris qu’il serait bientôt extradé.
Elle, elle voulait juste une chose en ce début d’après-midi du 3 juin, se précipiter pour lui dire au revoir, que ses filles de deux et quatre ans puissent l’embrasser une dernière fois avant… avant quand ? La visite du jour au parloir avait été maintenue, elle a donc confirmé sa venue à la borne informatique pour 14h15. A l’heure précise la porte métallique où elle attendait fébrilement s’ouvre. Les femmes entrent les unes derrière les autres, elle et ses filles sont autorisées à rentrer. Puis la porte se ferme.
A 14h45, la porte principale du centre pénitentiaire s’ouvre. Un fourgon, sirène allumée, démarre.
Quelques instants plus tard, la femme et ses deux enfants sortent, en larmes. Ni elle ni les deux enfants n’ont pu le rencontrer. Alors qu’on les faisait rentrer dans le centre pour le rendez -vous au parloir, les gardiens, eux emmenaient le mari dans le fourgon… Il était là à 10 mètres juste auparavant, elles, elles étaient là à côté, attendant… attendant le moment de se voir, de se dire au revoir.
Il est parti sans savoir qu’elles étaient là.
Nous, nous étions là, accompagnant la femme et les deux petites filles,… et on ne savait pas, on ne savait pas quelle ignominie se jouait là devant nous.
Comment peut-on faire cela ? Comment peut-on accepter cela ? Pourquoi cette brutalité ? Rien ne justifie un tel manque d’humanité !!!
Encore un jour ordinaire en France…
